Les 14 juillet emblématiques

Publié le 13 Juillet 2023

Jean Louis Borloo Valenciennes
Les 14 juillet emblématiques
Jean Louis Borloo Valenciennes
Laurent Lasselin

Si le 14 juillet commémore la victoire d'une ère nouvelle sur l'Ancien Régime, la fête nationale a subi, au cours des siècles, les aléas de l'histoire. Retour sur quelques 14 juillet emblématiques du Second Empire à nos jours.

Les émeutes des 12 et 13 juillet 1789 font suite à la nouvelle du renvoi de Jacques Necker , qui se répand dans Paris. 

Rassemblement du 12 et 13 juillet 1789 

Incendie de quarante des cinquante-quatre barrières donnant accès sur Paris : les émeutiers veulent ainsi faire baisser le prix des grains et du pain qui est à son niveau le plus élevé du siècle.
 

Que s'est-il passé le 14 juillet 1789 ?

En 1789, les États généraux composés des représentants élus de la noblesse, du clergé et du Tiers-État sont réunis le 5 mai à la suite des doléances parvenues au roi Louis XVI. Le 27 juin, le roi accepte le rassemblement des trois ordres qui se proclament "Assemblée nationale constituante" le 9 juillet.

Dans le même temps, des troupes royales se concentrent autour de Versailles et de Paris. Le renvoi du ministre Necker le 11 juillet et la rumeur de l'intervention des troupes royales finissent par convaincre la population parisienne de s'organiser et des appels aux armes sont lancés.

Le matin du 14 juillet, une foule composée notamment d'artisans et de boutiquiers se dirige vers les Invalides où sont stockés les armes. Ces Parisiens prennent ensuite la direction de la Bastille pour récupérer de la poudre. Le gouverneur de la place forte décide de faire tirer sur la foule et une journée de fusillades s'ensuit. La garnison se rend tandis que son gouverneur est exécuté peu après la prise de la Bastille.

14 juillet maire de Valenciennes Laurent Degallaix
14 juillet

Le 14 juillet 1945 : le défilé de la Libération

Le 14 juillet 1945 est « plus que jamais fête nationale puisque la France y fête sa victoire, en même temps que sa liberté », selon les mots du général de Gaulle. Le général qui, cinq ans plus tôt, s’adressant aux Français à la radio, avait proclamé : « Le 14 juillet 1940 ne marque pas seulement la grande douleur de la patrie. C’est aussi le jour d’une promesse que doivent se faire tous les Français par tous les moyens dont chacun dispose, résister à l’ennemi, momentanément triomphant, afin que la France, la vraie France, puisse être présente à la victoire ».

Le 14 juillet 1945 est marqué par trois jours de réjouissances civiques. On célèbre avec solennité la veillée du 13 juillet. Un splendide éclair de lumière jaillit sous l'Arc de triomphe. Le cortège des troupes victorieuses se déplace de la place de la Nation à celle de la Bastille puis à l'Arc de Triomphe. Les troupes sont alors passées en revue par le général de Gaulle.

 

Le 14 juillet 1974 : de la Bastille à la République

Avec un défilé de la Bastille à la République, le 14 juillet 1974 est un 14 juillet « nouveau style ». La place de la Bastille est l’épicentre des manifestations, autour de la colonne de juillet. Les soldats défilent à pied à travers les quartiers de Paris, comme à l’époque de la Bastille, selon le vœu du nouveau président, Valéry Giscard d’Estaing. Les lieux du défilé varient pendant les cinq années suivantes (cours de Vincennes, Champs-Élysées, École militaire, Champs-Élysées, République-Bastille). Depuis 1980, les Champs-Élysées sont redevenus le cadre du défilé.
 

Le 14 juillet 1989 : le bicentenaire de la Révolution

Le 14 juillet 1989 a été un moment fort de la célébration du bicentenaire de la Révolution française. De nombreux chefs d'État étrangers ont pu assister, le matin même, au défilé militaire traditionnel et le soir, au spectacle monumental de Jean-Paul Goude sur le thème des « tribus planétaires ». Le défilé est retransmis en direct à la télévision dans 102 pays. Cette célébration atypique du 14 juilletsuscite des polémiques mais rencontre un grand succès dans une année pourtant chargée en événements tragiques, avec l’agonie du bloc de l’Est ou l’écrasement de la révolte étudiante en Chine. Elle clôt ainsi la série des 14 juillet festifs et culturels des années 1980.

 

Le 14 juillet 1890 : le centenaire de la Fête de la Fédération

Le centenaire de la fête de la Fédération, le 14 juillet 1790, fut particulièrement bien célébré, davantage que le centenaire de la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789. La République modérée de cette fin du XIXe siècle préfère mettre à l’honneur cette date. A travers tout le pays, les discours des maires célèbrent les acquis de la République : la conscription notamment, votée en 1889, qui doit permettre à terme de laver l'affront de la défaite de 1870.

Depuis la fin des années 1880, les instituteurs, fameux « hussards noirs de la République », sont presque toujours membres des comités d'organisation du 14 juillet. L'école se distingue à l'occasion de cette journée, qu'elle «
enjolive avec ses solennelles remises de prix des 14 juillet, organisées dans plus des deux tiers des communes pour symboliser la méritocratie républicaine » (Rémi Dalisson). Les bals de fin de journée, organisés dans presque toutes les communes, connaissent un succès croissant avec leur décor tricolore, leurs nombreuses Marianne et lampions, leur musique, souvent celle des régiments ou des pompiers et le mélange des classes sociales. Le « petit bal popu » devient le symbole du 14 juillet.

 

1870-1880 : le 14 juillet en attente de fête républicaine

Dans les années 1870, marquées par la défaite du Second Empire et la répression sanglante de la Commune de Paris, la nature du régime reste incertaine : la France évoluera-t-elle vers une monarchie, une République censitaire ou une véritable République démocratique ?

Thiers, en 1872, interdit la moindre esquisse de fête nationale républicaine. Une circulaire confidentielle déclare même le 14 juillet « hors la loi [car] il est probable que les anniversaires des 14 et 15 juilletservent de prétexte à des réunions et banquets politiques ». La République se devait d'être modérée et, surtout, aurait dû, selon les vœux de Thiers, être censitaire (seul celui qui payait le cens - l'impôt - pouvait être électeur ou éligible).

 

La fête nationale du 30 juin 1878

Pourtant, à la fin de cette période, plusieurs cérémonies installent le rituel de la fête républicaine. A l'occasion de l'Exposition universelle qui se tient à Paris, le ministère de l'Intérieur organise la fête nationale du 30 juin 1878, dite « fête de la paix et du progrès », marquée par l'omniprésence du drapeau tricolore et immortalisée par le peintre Monet (La rue Montorgueil, La rue Saint-Denis), qui écarte toute référence trop directe à la Révolution mais célèbre la République.

D’autres fêtes annoncent les 14 juillet à venir : le double centenaire de la fête de Voltaire et de Rousseau en 1878 ; la fête républicaine du 14 juillet 1879 initiée par Gambetta, en présence de Louis Blanc et Victor Hugo. La France ne commémore pas encore le 14 juillet, mais rend hommage à des héros parmi les plus populaires de la Révolution. Pendant ces grandes fêtes, se systématisent les banquets, les célébrations civiques, la représentation de Marianne qui seront au centre du rituel du 14 juillet.

Le 21 mai 1880, Benjamin Raspail dépose une proposition de loi signée par 64 députés, selon laquelle « la République adopte comme jour de fête nationale annuelle le 14 juillet ». L’Assemblée vote le texte dans ses séances des 21 mai et 8 juin ; le Sénat l’approuve dans ses séances des 27 et 29 juin 1880 à la majorité de 173 contre 64, après qu’une proposition en faveur du 4 août eut été refusée.

 

Le 14 juillet 1880 : le 14 juillet, fête nationale

La loi est promulguée le 6 juillet 1880. Un défilé militaire est organisé sur l'hippodrome de Longchamp devant 300 000 spectateurs, en présence du président de la République, Jules Grévy. En 1880, à Paris, deux cérémonies importantes dominent la fête. À commencer par l’inauguration d’un monument, la place de la République, où une statue de bronze représentant une femme drapée d’une toge à l’antique et coiffée d’un bonnet phrygien, incarne la République. Haute de 9 m 50, elle repose sur un piédestal de 15 m 50, sa main droite tend un rameau d'olivier tandis que son bras gauche repose sur les Tables de la Loi sur lesquelles il sera par la suite gravé « Droits de l'homme ». Trois grandes statues de pierre ceignent le piédestal et représentent la Liberté tenant des fers brisés et brandissant un flambeau, l'Egalité tenant le drapeau tricolore et une équerre à niveau, et la Fraternité entourée d'attributs agricoles et d'enfants en train de lire. C’est l’œuvre de deux frères, Léopold Morice (1846-1919) et Charles Morice (1848-1918). Cette même année a lieu la distribution des nouveaux drapeaux à l’armée, puisque c'est le 14 juillet 1880 qu'est confirmée la fonction du drapeau tricolore comme emblème national. Le président Grévy remet aux régiments qui lui sont présentés des drapeaux bleu-blanc-rouge frangés d'or et frappés du signe RF.

Pour le reste, le programme officiel (voir l'extrait ci-dessous) inaugure l'essentiel du rituel républicain qui se précisera peu à peu au cours des années 1880. La fête débute par une retraite aux flambeaux le 13 au soir, puis s’enchaînent les manifestations civiles et militaires, les « banquets républicains », les feux d'artifices, les fêtes locales, qui se termineront souvent à l'aube. Les maires de France jouent très vite un rôle central dans l'organisation et le déroulement des cérémonies et des festivités qui s'ensuivent.

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Rédigé par laurent Lasselin

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